Serge Caillet et les Sârs de la Rose-Croix

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Bonjour, Serge ! Un plaisir de te retrouver à propos de la sortie de ton ouvrage sur les Sârs de la Rose-Croix et la FUDOSI, que publient aujourd’hui les Éditions de la Tarente. Aussi, il me semble que ce projet remonte en 1986 et avec la collaboration de Robert Amadou dans le cadre d’une collection « Documents Martinistes ». Peux-tu nous en dire plus sur cette genèse ?

Serge Caillet : Au début des années 80, Robert Amadou m’avait encouragé à étudier l’histoire de la Fédération universelle des ordres et sociétés initiatiques, la FUDOSI, qui a rassemblé, à partir de 1934 et jusqu’en 1951, des sociétés rosicruciennes, martinistes et occultistes, unies par un même idéal, autour d’un personnage mystérieux, Émile Dantinne, dit sâr Hiéronymus. À cette époque, Robert Amadou était responsable d’un certain nombre de collections, dont « les Documents martinistes », en effet, aux Éditions Cariscript, fondées et dirigées par notre ami Antoine Abi Acar. Tous deux m’ont proposé d’y publier le livre que je préparai, qui est paru en 1986, sous le titre Sâr Hiéronymus et la FUDOSI, avec une préface de Robert Amadou. Cet ouvrage est épuisé depuis bien longtemps. La présente édition, revue, corrigée et surtout considérablement augmentée, reprend donc ce livre de 1986, tout en embrassant un sujet plus large, avec une documentation très enrichie, ce pour quoi nous avons changé le titre, tout en conservant la préface de l’édition originale, avec l’accord de Catherine Amadou.

L.T. : L’ensemble de l’ouvrage est construit sur de nombreux documents d’archives inédits et privés, mais sont-ils disponibles au public ?

S.C. : Par un singulier clin d’œil du Destin, ou de la Province, lorsque, tout jeune, je commençais à me documenter en vue d’écrire mon Sâr Hiéronymus et la FUDOSI, j’appris la découverte fortuite, en Belgique, d’un fonds d’archives qui intéressait directement mon sujet. Il s’agissait principalement de correspondances entre des responsables des sociétés de la FUDOSI, documents cachés sous l’Occupation par l’un d’eux, Léon Lelarge, dans une maison de la ville d’Huy-sur-Meuse. Un ami belge m’a immédiatement mis en rapport avec l’heureux inventeur et c’est ainsi que j’ai pu accéder à ces archives inédites, qui ont constitué l’essentiel de la documentation de mon livre de 1986. Mais ce dépôt n’a jamais été ouvert au public et, peu de temps après que j’en ai reçu la copie, il a été acquis par l’une des anciennes sociétés qui composaient la FUDOSI. Par conséquent, je ne pense pas qu’il soit aujourd’hui accessible aux chercheurs.

L. T. : L’ouvrage comporte de nombreuses illustrations et cela a pu se faire grâce à la participation de Daniel Guéguen, comment a débuté cette collaboration ? 

S.C. : J’avais eu l’occasion de rencontrer Daniel Guéguen lors d’un colloque sur Stanislas de Guaita où nous intervenions tous les deux. Et j’avais beaucoup apprécié aussi son ouvrage sur Jean Delville et, récemment, le livre qu’il a co-écrit avec mon ami Jean Iozia sur les deux Prométhée de Jean Delville. À vrai dire, ce n’est pas moi qui a eu l’idée d’une collaboration, mais Daniel Guéguen, au titre de l’Atelier symboliste, qui rassemble une riche collection d’ouvrages, de revues et d’œuvres sur les rapports entre l’art et l’occultisme à la Belle Époque. Basé à Bruxelles, l’Atelier symboliste est ouvert aux chercheurs, et contribue à des expositions et à des publications notamment autour de Joséphin Péladan. 

Je suis particulièrement reconnaissant à Daniel Guéguen d’avoir ainsi contribué à la documentation iconographique et à l’édition de mon livre.

L.T. : À ma connaissance, ton étude sur l’histoire de la FUDOSI et la seule qui existe. Aussi, il me semble que le sujet est très mal connu des historiens de la Maçonnerie, tout comme de ceux qui s’intéressent aux différents courants rosicruciens. - Qu'en penses-tu ? 

S.C. : Mon petit livre de 1986, Sâr Hiéronymus et la FUDOSI, était en effet le premier sur le sujet. Mais des chercheurs comme Gérard Galtier ou Robert Vanloo se sont également intéressés à certaines sociétés qui composaient la FUDOSI. Ce sujet a été abordé par Christian Rebisse dans son histoire de l’AMORC. Il n’en reste pas moins peu connu, c'est pourquoi j’ai souhaité depuis longtemps reprendre mon travail en vue d’une nouvelle publication qui a d’ailleurs été considérablement retardée, ce qui m’a permis de collecter une documentation inédite qui, sur certains points, apporte un éclairage nouveau.  

L.T. : Une dernière question : Je trouve que ton ouvrage est assez cohérent avec ta dernière publication comme les Compagnons d’Alexandrie (La Tarente) et aussi avec tes ouvrages sur la Franc-Maçonnerie égyptienne de Memphis-Misraïm (Dervy). Aussi, comptes-tu poursuivre tes futures recherches dans cette voie ?

S.C. : Les histoires de la franc-maçonnerie égyptienne, du rosicrucianisme et du martinisme sont intimement liées tout au long du XXe siècle, parce que ces trois courants initiatiques constituent une communauté d’esprit. Par conséquent, il est fréquent que les responsables des ordres martinistes, par exemple, soient impliqués aussi dans la direction des rites égyptiens ou de certains ordres rosicruciens, et vice versa. Ces hommes, que j’ai appelés les Compagnons d’Alexandrie, sont les personnages clefs des rites maçonniques égyptiens au XXe siècle, mais ils ont aussi dirigé pour la plupart des Ordres martinistes, tout en s’impliquant parfois dans des sociétés rosicruciennes. 

Après mon travail sur les rites égyptiens de Memphis-Misraïm, qui demanderait d’ailleurs à être mis à jour, car il commence à dater, et ce nouveau livre sur les sociétés rosicruciennes, j’ai à cœur d’écrire une histoire détaillée de l’Ordre martiniste au sens large, c’est-à-dire des Ordres martinistes. 

Je prépare également un petit livre sur Robert Ambelain dont nous aurons certainement l’occasion de reparler bientôt.  

Propos recueillis par Philippe Subrini

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